Le rêve de vivre en bord de mer n’a jamais été aussi fort en France. Face à une quête de bien-être et un attrait croissant pour la nature, les acheteurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le littoral. De la Bretagne à la Côte d’Azur, en passant par la Nouvelle-Aquitaine, les prix explosent sous la pression d’une demande toujours plus forte. Mais derrière cette tendance, une réalité plus sombre se dessine : montée des prix, raréfaction des biens et risques climatiques accrus. Ceux qui investissent aujourd’hui pourraient voir leur rêve tourner au cauchemar dans quelques années.
Le grand boom de l’immobilier côtier : pourquoi cet engouement ?
Depuis la pandémie, les Français cherchent de plus en plus d’espaces ouverts et un cadre de vie agréable. Le bord de mer coche toutes les cases : qualité de l’air, proximité de la nature, paysages apaisants et attractivité touristique. Cette tendance s’est encore renforcée en 2024, notamment chez les acheteurs qui veulent fuir les grandes villes polluées et stressantes.
Une demande qui ne faiblit pas
Les chiffres sont sans appel :
- +18 % d’augmentation des prix en cinq ans sur les littoraux français.
1 transaction sur 4 concerne désormais un bien en bord de mer, contre 1 sur 6 il y a dix ans. - Des hausses record : +35 % sur la Côte Atlantique, +20 % sur la Manche, +15 % en Méditerranée depuis 2020.
Dans des villes comme Biarritz, Arcachon, La Rochelle ou Saint-Malo, les biens partent en quelques jours, souvent au prix fort. La généralisation du télétravail permet aussi à de nombreux actifs de s’installer dans ces zones tout en conservant un emploi basé à Paris ou Lyon.
Des prix qui s’envolent… jusqu’à devenir inaccessibles ?
L’euphorie immobilière des zones côtières a un prix : celui d’une flambée continue des tarifs. L’offre de biens est limitée, notamment en raison des restrictions de construction liées aux réglementations environnementales et aux risques d’érosion.
Évolution des prix au m² sur le littoral français (2018-2025)
Ville | Prix moyen au m² en 2018 (€) | Prix moyen au m² en 2025 (€) | Évolution (%) |
---|---|---|---|
Biarritz | 6 500 | 10 200 | +56 % |
Arcachon | 5 800 | 9 000 | +55 % |
Saint-Malo | 3 900 | 6 500 | +67 % |
La Rochelle | 4 200 | 6 800 | +61 % |
Nice | 4 500 | 7 100 | +58 % |
Le constat est sans appel : en sept ans, certaines villes ont plus que doublé leurs prix, excluant progressivement les habitants locaux du marché. Seuls les ménages les plus aisés peuvent encore prétendre à acheter.
Les risques à venir : un investissement vraiment pérenne ?
Si aujourd’hui acheter en bord de mer semble être un investissement sûr, plusieurs menaces pèsent sur ces biens et risquent d’en affaiblir la valeur à long terme.
1. La montée des eaux et l’érosion côtière
Le changement climatique menace directement certaines zones du littoral. En France, 1 commune côtière sur 4 est exposée à des risques d’érosion ou de submersion. À terme, cela pourrait :
- Rendre certains logements inhabitables et donc invendables.
- Faire grimper le coût des assurances, voire les rendre impossibles à souscrire.
- Diminuer l’attractivité de certaines stations balnéaires, déjà sous pression.
Des villes comme Soulac-sur-Mer ou certains quartiers du Cap-Ferret subissent déjà ces phénomènes, ce qui inquiète les investisseurs.
2. Une régulation accrue des locations saisonnières
Avec l’explosion des achats pour la location touristique, les municipalités mettent en place des restrictions. En 2025, plusieurs villes balnéaires comme Biarritz, Annecy ou La Rochelle ont durci leurs règles pour limiter les Airbnb. Cela pourrait impacter la rentabilité locative, voire rendre certains investissements moins intéressants.
3. Une bulle immobilière sur le point d’éclater ?
Les experts s’interrogent : les prix peuvent-ils continuer d’augmenter indéfiniment ? Avec la hausse des taux d’intérêt et l’inflation, le pouvoir d’achat immobilier des ménages pourrait se contracter, entraînant un ralentissement du marché.
Les acquéreurs de 2025 paieront-ils trop cher pour un bien qui pourrait perdre de la valeur dans dix ans ?
Ces villes qui risquent de perdre beaucoup en valeur
Si certaines villes côtières restent des placements attractifs, d’autres commencent à voir leur attractivité diminuer, notamment en raison de l’érosion, de la montée des eaux et des nouvelles réglementations environnementales qui limitent la construction. Les investisseurs doivent redoubler de vigilance, car certaines stations balnéaires autrefois prisées pourraient connaître une baisse significative de leurs prix immobiliers d’ici 2030.
Pourquoi ces villes sont à risque ?
- Soulac-sur-Mer (Gironde) : Plusieurs quartiers sont déjà sous surveillance à cause de l’avancée de l’océan. La Pointe de Grave, par exemple, a vu de nombreuses maisons être évacuées ces dernières années.
- Le Grau-du-Roi (Gard) : Avec sa proximité immédiate de la mer, la ville est exposée à des risques d’inondations fréquents, ce qui dissuade certains acheteurs.
- Cap Ferret (Gironde) : Haut lieu de villégiature, le Cap Ferret est menacé par une évolution du littoral qui pourrait impacter la valeur foncière de certaines zones d’ici 2030.
- Sète (Hérault) : Entre mer et étangs, la ville est particulièrement exposée aux effets de la montée des eaux, ce qui inquiète les assureurs et freine les investissements.
- Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) : Même constat pour cette ville basque où la hausse des tempêtes a fragilisé plusieurs zones côtières, limitant les nouvelles constructions.
Comme l’illustre le graphique ci-dessus, certaines de ces villes pourraient voir une baisse des prix atteignant jusqu’à -15 % d’ici 2030, un phénomène qui pourrait s’accélérer avec le renforcement des restrictions liées au climat et aux assurances
Faut-il encore investir en bord de mer en 2025 ?
L’achat en bord de mer reste un placement attractif, mais avec certaines précautions. Avant d’investir, il faut bien analyser :
- Le risque climatique : Vérifiez si la zone est exposée à l’érosion ou aux inondations.
- Les restrictions locales : Certaines villes réglementent les locations saisonnières.
- Le potentiel de valorisation : Certaines stations voient encore leur attractivité grimper.
Si l’achat est destiné à une résidence principale, l’enjeu est différent : les prix risquent de continuer à grimper, et mieux vaut acheter tôt que tard. Mais pour un investissement locatif, il faudra être sélectif pour éviter les déconvenues.
Le bord de mer fait rêver, mais son marché devient de plus en plus sélectif et risqué. Les prix flambent, la demande reste forte, mais les dangers liés au climat, aux régulations et à une possible bulle immobilière devraient inciter les acheteurs à redoubler de prudence.
Pour ceux qui veulent franchir le pas, la clé du succès réside dans une analyse approfondie du marché, du cadre réglementaire et des perspectives d’évolution des prix. Sinon, le rêve pourrait rapidement se transformer en piège financier.
Sources :
MeilleursAgents (2025) – « Prix de l’immobilier en bord de mer : tendances et évolutions »
Banque de France (2025) – « Analyse des investissements immobiliers sur le littoral »
INSEE (2024) – « Démographie et attractivité des villes côtières »
Ministère de la Transition Écologique (2025) – « Rapport sur les risques littoraux et l’urbanisation »
Le Monde (2024) – « Pourquoi l’immobilier côtier explose malgré les menaces climatiques »